Macross Plus ou l’ivresse de l’information5 February 2009 par Tetho Sur la planète Eden, l’UN Spacy teste deux prototypes pour choisir le futur variable fighter qui équipera sa flotte : c’est le projet Supernova. La rivalité entre les deux équipes fait rage, notamment à cause des deux pilotes d’essai, anciens amis d’enfance devenus rivaux mortels. L’arrivée de leur ancienne amie, devenue productrice de la cyber-idol
Sharon Apple, finira de mettre le feu aux poudres tandis que l’anniversaire des 30 ans de la fin de la guerre spatiale se prépare sur Terre…En 1987, après la sortie de
Macross Flash Back 2012,
Kawamori Shôji considère avoir fait le tour de ce qu’il voulait raconter avec
Macross et part se consacrer à d’autres projets. Cependant, la sortie pour les 10 ans de la série de
Macross II en 1992 lui montre que non seulement il y a une demande pour plus de
Macross, mais qu’en plus d’autres sont prêts à le faire à sa place. Il décide de reprendre les chose en main, et en 1994 deux nouveaux titres voient le jour : d’un coté
Macross 7, une longue série TV de 49 épisodes, et de l’autre
Macross Plus, 4 OVA à très gros budget.
Presque tout semble opposer ces deux animes.
Macross 7 se place directement dans la filiation de la première série grâce au retour de 3 personnages-clés et au chara-design de Mikimoto. Mais si sa musique se compose des chansons très
nekketsu de Fukuyama et que globalement la série ne se prend pas trop au sérieux, sa réalisation est très en dessous des standards de l’époque. De son coté,
Macross Plus est un
gaiden aux enjeux et à l’esthétique radicalement différents, bercé par une bande-son moderne signées Kanno Yôko, au ton très sérieux et surtout avec une réalisation de haute volée.
Macross ne serait pas
Macross sans les
Itano Circus.
Car c’est avant tout visuellement que
Macross Plus impressionne. La série s’ouvre sur un combat entre un escadron de l’UN Spacy et des zentradis, et cette scène est remplie de plans grandioses en
full animation qui donnent le ton : place au grand spectacle ! Toutes les scènes de l’anime comportant des
variable fighters à l’écran sont animées avec le même soin ou presque; c’est
Itano Ichirô, connu pour avoir créé les
chorégraphies de
missiles qui
portent son nom, qui est responsable de ces passages et il s’en est donné à cœur-joie pour en mettre plein les yeux au spectateur. Ici, les combats sont extrêmement inventifs et imprévisible car les pilotes utilisent tous les coups possibles, même les plus bas, ce qui change agréablement des séries où les combats semblent chorégraphiés et exécutés parfaitement par les robots.
Autre scène grandiose, le concert de Sharon sur Eden. Réalisée et animée par
Morimoto Kôji, animateur de renom et membre du génial Studio 4°C, cette séquence oscillant entre délire technoïde et trip surréaliste est portée par la musique de Kanno et est sans nul doute une des plus grande réussite artistique de la série.
Un plan bien connu de ceux qui suivaient Mangamania VHS.
Niveau design,
Macross Plus est une rupture nette avec les précédents
Macross.
L’YF-19 est résolument ultra-moderne et, avec sa forme élancée,
ses ailes en flèches inversées et
sa poussée vectorielle, il se présente comme le sommet de ce que peut réaliser la technologie humaine. C’est indiscutablement l’un des plus beaux designs jamais réalisé par Kawamori et, de manière intéressante, il préfigure
le SU-47 russe, alors encore en développement secret. De son coté,
l’YF-21 semble encore une étape au dessus grâce à l’intégration de technologie zentradi, comme le montre sa forme battroid, très proche du
Queadluun-Rau, qui lui permet d’utiliser des matériaux composites capables de changer de forme pour les ailes, et surtout son système de contrôle par onde mentale, arme à double tranchant qui, parfois, se retournera contre son pilote. Son design plus compact avec
ses ailes trapézoïdales est moins marquant que le YF-19, mais il reste un design admirable notamment grâce à sa transformation complexe. Au delà de ça les deux avions possèdent des particularités en commun tel que la
pin-point barrier, version miniaturisée de celle du SDF-1, que les pilotes ne tarderont pas à détourner de son rôle défensif pour en faire une arme dévastatrice quand il s’agit de donner des coups de poing, ainsi que le
fold booster, équipement qui permet les déplacements sur très longue distance.
Les personnages ne sont pas en reste avec un chara-design assez particulier qui, lui aussi, tranche fortement avec les autres
Macross. Résolument plus adulte il participe énormément à donner à la série une ambiance plus mature que le reste de la saga.
Le SDF-1, toujours fidèle au poste.
Pour réaliser tout cela, Kawamori s’est entouré de beau monde, en plus des deux animateurs de génie déjà cités plus haut. Au post de co-réalisateur on trouve Watanabe Shinichirô, le créateur de
Cowboy Bebop, qui auréolé de son travail sur
Gundam 0083, autre série d’OVA de robots à très gros budget, fit avec
Macross Plus ses débuts (fracassants) à la réalisation.
Le scénario fut écrit par Nobumoto Keiko, scénariste de renom au Japon : il est celui qui a écrit les scripts des épisodes clefs et du film de
Cowboy Bebop, de
Tôkyô Godfathers et est le créateur et scénariste de
Wolf’s Rain. Il fut aussi superviseur du scénario de
Kingdom Hearts et scénariste de nombreux dramas. Son talent n’est donc pas à démontrer.
Le
chara-design fut signé par Masayuki, qui avait déjà signé celui de
Teito Monogatari de Rintaro.
Macross Plus fut son dernier travail à ce poste, ce qui peut être considéré comme un peu dommage vu le talent qu’il y démontre, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas fait une belle carrière puisque après avoir occupé divers rôles importants sur des productions Gainax, il est aujourd’hui co-réalisateur des nouveaux films d’
Evangelion !
Si les principaux mechas de la série furent bien sûr créés par Kawamori lui même, son vieux comparse Miyatake Kazutaka est aussi de la partie et a réalisé les designs de nombres de mechas secondaires (dont le plus notable est le Ghost) comme dans tous les
Macross.
Enfin la musique est signée Kanno Yôko, place donc à des rythmes placés sous le signe de l’électronique (à l’exception notable du magnifique
Voices) pour coller à l’image de cyber-idol de Sharon. Les BGM ne sont pas de coté non plus et supportent soutiennent très bien l’action sans être trop intrusives. Cette OST est considérée comme une des plus réussie de Kanno et ce n’est pas volé. Sa réussite fut telle qu’elle fut réengagée pour signer, avec le même succès, celle de
Macross Frontier.